PRANA, FORCE DE VIE

« Vous avez en vous la force de vous guérir, mais vous l'avez oubliée. Votre respiration est votre maître-clé. » Yogi Bhajan

12/5/20254 min read

Breathe
Breathe

Je me souviens de ma première respiration profonde et consciente… Je m’en souviens parfaitement, car il y a eu un avant, et un après. J’avais 27 ans, j’habitais Montréal, et j’étais allée voir une thérapeute ayurvédique pour un soin. Je n’attendais pas plus qu’un massage, mais elle a pris le temps de me poser différentes questions, puis m’a proposée de prendre quelques respirations.

Rapidement, elle m’a arrêtée : « mais Nada, tu respires comme un poussin ! ». Elle m’a alors expliqué le principe de la respiration yogique, longue et profonde, et m’a invitée à la pratiquer avec elle : à la toute première, j’ai éclaté en sanglots. Tout un flot d’émotions enfouies a commencé à se déverser par les vannes ouvertes. Je ne savais pas exactement pourquoi je pleurais, mais je me suis sentie revenir à la vie. Comme l’arbre dont je percevais les jeunes pousses à travers la fenêtre du cabinet.

Le printemps qui s’éveille, après un hiver long et rude.

Une renaissance.

UNE DANSE ENTRE LE PLEIN ET LE VIDE

Le Prana (ou Chi) est la force de vie subtile qui anime tout l’univers. Elle peut prendre différentes formes dans notre expérience humaine : énergie, ressources naturelles, temps, argent, pouvoir, attention, etc… Et on en fait l’expérience dans chacune de nos respirations. Par nature, le Prana est infini. Mais – en tant qu’êtres humains – notre capacité d’y puiser est limitée.

Le mouvement naturel du Prana est une danse entre le plein et le vide. Cette danse, on peut facilement l’observer dans la nature : dans l’alternance entre le jour et la nuit ; dans le mouvement des saisons ; dans le symbole de l’arbre de vie (le processus qui mène de la graine, nourrie par la terre, au fruit ; puis du fruit qui retourne à la terre et y dépose les graines, qui donneront de nouveaux fruits). Dans ce cycle naissance-mort-renaissance, le Prana circule, la vie se perpétue. Ainsi la mort n’est pas l’opposée de la vie, elle en fait partie !

Et c’est encore dans cette danse entre le plein et le vide que le Prana se manifeste à nous dans chacune de nos respirations, dans cette alternance entre l’inspiration et l’expiration : on ne peut pas inspirer continuellement (on s’étoufferait), et on ne peut pas non plus expirer continuellement (on manquerait d’air).

Cette danse est représentée par la lemniscate (symbole de l’infini). On y retrouve l’idée d’un point de basculement au centre (équilibre dynamique). Et si on la met debout, la lemniscate devient le chiffre 8 (le corps pranique est d’ailleurs considéré comme le 8e corps spirituel en Kundalini Yoga). On peut y voir le symbole du sablier, à travers lequel on observe également cette danse entre le plein et le vide dans le mouvement du temps.

LE CORPS PRANIQUE

Bien que notre corps physique soit de nature « finie », notre corps pranique nous permet d’être en lien avec l’Infini. Le Prana circule dans notre corps à travers les nadi (canaux énergétiques). Selon l’anatomie subtile yogique, il y a 72000 nadi, dont 72 sont vitaux. Et parmi ces nadi vitaux, 3 sont particulièrement importants pour la compréhension du Yoga : Sushumna, Ida et Pingala.

Sushumna est le canal central, qui part de la base de la colonne vertébrale jusqu’au sommet du crâne ; il est le conduit pour l’énergie de la Kundalini (l’énergie de l’âme et de la conscience). Ida démarre à gauche de la colonne vertébrale et finit à la narine gauche ; il est le conduit pour l’énergie lunaire (rafraîchissante et apaisante). Pingala démarre à droite de la colonne vertébrale et finit à la narine droite ; il est le conduit pour l’énergie solaire (réchauffante, stimulante, énergisante).

Petite parenthèse ici, car beaucoup confondent le Prana et la Kundalini, mais il s’agit bien de deux éléments distincts ! La Kundalini est une émanation de l’âme elle-même : c’est notre potentiel créateur, tapi à la base de la colonne vertébrale. La Kundalini est personnelle, propre à chacun ; alors que le Prana, lui, est universel.

Dans notre corps, la force vitale universelle (Prana avec un « P » majuscule) se divise en cinq différentes fréquences ou mouvements d’énergie, appelés Vayus (« vents »):

· prana (avec un P minuscule) : désigne le mouvement de l’énergie vers la zone de la poitrine ; lié à la fonction des poumons et à l’inspiration

· oudana : désigne le mouvement de l’énergie dans la zone de la gorge et de la tête ; il est actif dans l’expression, le langage, et donne un pouvoir de projection

· samana : a son siège dans la zone de l’estomac (entre le cœur et le nombril) ; il gère la plupart des activités métaboliques, en particulier la capacité d’assimilation, au niveau symbolique comme au niveau physiologique

· apana : a son siège dans le bas du corps (du nombril vers le bas) ; il gouverne la fonction d’élimination du corps et tous les mouvements descendants (menstruations, accouchement, etc)

· vyana : est le mouvement omniprésent dans le corps (circulation sanguine, coordination, mouvement global des muscles et des articulations…) ; comme une toile de connexion subtile.

De nombreux kriyas de Kundalini Yoga mettent l’accent sur le travail de prana et apana en particulier: lorsque ces deux vayus sont forts et équilibrés, les autres ont tendance à s’adapter. Prana et apana, dans leurs aspects opposés, s’unissent et s’équilibrent au niveau du nombril à travers la pratique du mulabandha, ouvrant ainsi la voie à l’éveil et à la circulation de la kundalini.

LE POUVOIR DU PRANA : GUERISON ET SAGESSE

Pour les yogis, toute maladie commence par un déséquilibre du Prana (trop d’un type de Prana dans une zone ; pas assez dans une autre). Et beaucoup de guérisons se manifestent suite à un rééquilibrage du prana de manière appropriée (par des techniques posturales ou respiratoires, par l’alimentation, par notre façon de penser et d’agir etc).

Le souffle en particulier est l’un de nos plus grands enseignants, et une source infinie de sagesse. On l’appelle « Pavan Guru » (pavan est le « souffle » ; guru est « ce qui mène des ténèbres à la lumière », autrement dit « sagesse » ou « enseignant »).

« Vous avez en vous la force de vous guérir, mais vous l'avez oubliée.

Votre respiration est votre maître-clé. » Yogi Bhajan